Bourgeon d’espoir à Carrefour-Feuilles


thumb image

Facilitant l’accès au crédit, les associations communautaires d’épargne et de crédit viennent apporter une lueur d’espoir à des résidents de Carrefour-Feuilles ruinés par le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Au nombre de 70 dans la zone de Carrefour-Feuilles, ces associations fonctionnent à partir des cotisations de ces survivants ayant pour la plupart presque tout perdu au cours de la catastrophe de 2010.

Lourdement affectées par le séisme, les femmes de Carrefour-Feuilles n’avaient pour la plupart aucun accès à des prêts. Elles sont les principales cotisantes de ces associations. Wana Chouloute est l’une d’entre elles. Agée de 26 ans, cette jeune femme a eu la vie sauve avec ces deux enfants malgré l’effondrement de sa maison durant le passage du séisme. Elle confie avoir tout perdu. ‘‘ Il ne me restait que mes deux enfants’’ se souvient-elle avec d’un air triste.

Aujourd’hui, grâce à ces associations d’épargne, Wanna et plus de 1 700 autres habitants de cette zone défavorisée de Port-au-Prince ont accès au crédit et parviennent à créer des activités génératrices de revenus. Ces structures fonctionnent sous la base d’une mise en commun de fonds des membres de façon hebdomadaire. Chacun des membres de l’association peut emprunter jusqu’au triple de la somme de leur contribution. Montant qu’il faut rembourser dans un délai de trois mois au maximum avec 10% de frais de service.

Ce type d’intervention mis en place à Carrefour-feuilles par la Croix-Rouge américaine dans le cadre du programme Lavi Miyò nan katye m (LAMIKA) est une démarche vers l’autonomisation des communautés. Les membres de ces associations d’épargne et de crédit ont reçu neuf modules de formations, notamment sur la gestion des groupes, l’épargne, la gestion de crédit, le leadership etc. En plus de ces formations, la Croix-Rouge américaine leur a fourni les matériels administratifs nécessaires pour faire fonctionner leur groupe, tels que : caisses, calculatrices, cahiers, sceaux… Grâce aux nouvelles compétences acquises et les assistances techniques reçues, ces associations ont réussi à économiser plus de 7 millions de gourdes (équivalent à 125 000 $ US) qui ont permis d’améliorer la condition de vie de leurs membres.

Comme plusieurs autres femmes solidaires à cette initiative lancée en 2013, la jeune commerçante est heureuse de parler des progrès qu’elle a réalisés grâce aux prêts obtenus dans son groupe. Wanna est une vendeuse ambulante de produits alimentaires, elle livre ces produits directement chez ces clients. ‘’Aujourd’hui mon commerce a presque doublé ’’ se réjouit-elle. “Je parviens même à m’offrir des accessoires de beauté’’, ajoute-t-elle avec un sourire aux lèvres.

Louidjy Juste est un facilitateur communautaire formé par la Croix-Rouge américaine pour encadrer les associations de sa localité. En dépit du fait qu’il soit partie prenante du processus, il avoue qu’il reste émerveillé devant la réalisation des associations qu’il appuie. “Pour être franc, j’étais au départ plutôt sceptique. J’avais peur que l’initiative échoue’’ explique-t-il. L’air satisfait, il confie qu’aujourd’hui l’un des groupes qu’il supporte a environ 100 000 gourdes (équivalent à 1 818 $ US) en caisse, rien qu’en une année.

Depuis plus de deux années de fonctionnement, tous les prêts effectués dans ces 70 associations ont été remboursés avec les frais de service. En effet, 35 de ces associations ont déjà atteint la fin du cycle de fonctionnement de 12 mois. A la fin de ce cycle, toutes ces associations ont pu redistribuer à chaque membre les fonds épargnés ainsi que les intérêts correspondant à leurs épargnes. Après la redistribution des fonds du premier cycle, ces 35 associations ont toutes recommencé un second cycle. Cette activité permet donc aux membres de la communauté non seulement d’avoir accès à des prêts, mais aussi d’épargner de l’argent et de gagner des intérêts.

Bien plus qu’une simple affaire d’argent

 

Ils sont nombreux les membres qui font des prêts pour renforcer leurs petites affaires. Toutefois, selon Louidjy, les associations abordent bien plus que les problèmes économiques des membres. Elles facilitent la cohésion sociale et un climat de confiance entre les membres d’une même communauté. “Qui pourrait s’attendre à voir un pasteur, un vodouisant et un franc-maçon dans une même salle en train de discuter sans la moindre malaise? Les associations d’épargne et de crédit l’ont favorisé” s’enorgueillit-il.

De plus, chaque association dispose d’une caisse de solidarité permettant de venir en aide à un membre du groupe en situation difficile, soit en cas de maladie, de décès ou autre cas imprévus. Louidjy estime que même la perception autour de l’aide a évolué grâce à ces associations implantées par la Croix-Rouge américaine. “Aujourd’hui, les gens comprennent qu’une aide ne se limite pas au don d’argent” explique le jeune facilitateur.

Depuis 2010, près de 390 000 personnes ont bénéficié des activités  de renforcement économique de la Croix-Rouge américaine. Ce type d’activité d’épargne et de crédit vise à pérenniser les résultats des interventions de l’institution en rendant les communautés plus autonomes. En effet, la Croix-Rouge américaine a non seulement donner des supports économiques aux résidents de Carrefour-Feuilles pour développer des petites entreprises, mais aussi les a formés et leur a fourni les matériels nécessaires pour les intégrer dans cette démarche de mise en commun de leurs petites ressources financières. Ainsi, le programme les aide à comprendre qu’ensemble ils peuvent s’organiser pour améliorer leur niveau de vie. D’ailleurs comme le dit la devise des haïtiens : ‘’L’union fait la force’’.

Le numéro qui sauve

en cas d'urgence appeler le

118